jeudi 30 avril 2009

Le vol de la cigogne...

La cigogne s'est enfin posée aujourd'hui, après un long voyage, portant avec elle des nouvelles qui viennent de loin. Un indice?


mardi 28 avril 2009

Questions indiscrètes...

Une famille qui se détache visiblement des autres, ça attire les regards. Ça attire aussi les questions de certains curieux qui ne peuvent résister à les poser. Les gens veulent savoir. Quand les questions se font trop indiscrètes ou maladroites, et surtout quand la scène se passe devant les enfants, mieux vaut avoir la délicatesse de les rediriger de manière diplomate. Dans la lignée du vocabulaire positif de l'adoption que j'ai déjà abordé, voici une liste de questions et des suggestions de réponses - que j'ai trouvées sur internet et que j'ai traduites et transformées à mon gré - qui peuvent souvent revenir quand on s'y attend le moins dans les lieux publics.

1. Avez-vous des enfants à vous?

Ceux-ci sont tous à moi. Mais je n'ai donné naissance qu'à mes deux plus jeunes.

2. Il est TELLEMENT chanceux de vous avoir eu dans sa vie, hein?

Je crois qu'on est tous chanceux de s'être trouvés pour former une belle famille. Une chance qu'on ça, comme on dit.


3. Son papa doit être Coréen, non?

Ses parents biologiques sont en effet Coréens, mais son papa, c'est le grand monsieur aux cheveux foncés qui lui donne des poussées sur la balançoire.

4. Qu'est-ce qui est arrivé à ses vrais parents? Pouvez-vous imaginer abandonner un enfant aussi mignon!
En fait, les vrais parents, c'est NOUS. Les raisons qui expliquent que certains enfants se
retrouvent en adoption sont variées et très complexes. Mais si vous vous intéressez au sujet, je peux vous donner les références de livres qui l'expliquent très bien. Vous pouvez aussi aller voir mon blogue.

5. Il est tellement cute!
Merci, on trouve ça nous aussi. ;-)

6. Est-ce que les autres enfants sont ses VRAIS frères et soeurs?

Oui, ils ont eu le bonheur de le devenir, depuis qu'on a adopté celui-ci.
OU
Oui, et celui-ci a eu la chance de prendre ses frères et soeurs dans ses bras la journée même de leur naissance.


7. Je parie qu'il est fort en maths! On dit qu'ils ont un vrai don pour l'école!

Je pense qu'il est très fort, en effet. Mais je manque un peu d'objectivité, puisque je suis sa mère. Je vois tous ses succès comme la somme de très gros efforts de sa part.

8. Vous avez pas peur qu'il retourne chez ses vrais parents quand il va grandir?

On est ses vrais parents. Votre question est plutôt personnelle, mais en gros, on n'est pas inquiets. Quand il sera adulte, on sera ravis de le voir développer de belles relations avec les gens qu'il choisira.


9. D'ou vient-il?

Ils viennent tous de Montréal, au Québec, mais mon plus vieux est né en Corée du Sud.


10. Qu'est-ce que vous savez de sa vraie histoire/sur ses vrais parents?

L'organisme qui a facilité l'adoption nous a fourni les informations dont nous avions besoin pour prendre une décision éclairée. Peut-être aura-t-il accès à plus d'information s'il le désire plus tard. Et il décidera de lui-même s'il veut que son histoire bien personnelle soit connue.

11. Pourquoi aller adopter un enfant à l'autre bout du monde quand il y en a pleins au Québec?
Notre choix de la Corée semblait un choix juste pour notre famille. L'adoption au Québec est un processus incertain et excessivement long. Est-ce que vous, vous avez adopté un enfant né au Québec?


12. Avez-vous adopté parce que vous vouliez, ou parce que vous n'aviez pas le choix?

L'adoption est toujours un choix. Le seul regret qu'on a, c'est de ne pas avoir adopté plus tôt.


13. Combien ils vous ont coûté?

Les enfants n'ont pas de prix. On a payé ce qu'on devait payer, par l'intermédiaire de deux organismes agréés par les gouvernements québécois et coréen, pour les différentes étapes à franchir, ainsi que pour les formulaires d'immigration, notre séjour à l'étranger, nos rencontres avec un travailleur social, les frais médicaux de l'enfant, etc.
ou
Et vous, combien vous pesez?


14. Est-ce qu'il parle français?

Seulement en privé. En public, il parle "bébé"/il parle pas trop, il est très timide.

3 mois +

On a dépassé le cap du trois mois d'attente avant la réception de la proposition. Il semblait que la Corée avait le vent dans les voiles dans les derniers mois, mais nous serons arrivés juste après cette vague, apparemment. Depuis deux semaines, aucune proposition n'a été envoyée à l'organisme. Et comme on nous a informés que le type en charge des envois est en vacances cette semaine - ou je ne sais trop quoi - rien ne bougera avant la semaine prochaine.

Ce sera donc pour le mois de mai!

dimanche 26 avril 2009

Unique au monde

Tu n'es pas encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
(Extrait du dialogue avec le renard, Petit Prince de Saint-Exupéry)

Le petit arrive dans la maison qui est maintenant la sienne. Il ne le sait pas encore. Les adultes qui lui sourient sont ses parents. Mais il ne le sait pas encore. Pour le moment, il est sous le choc des changements qu'il vit, et sous peu, aussitôt qu'il comprendra que ses besoins fondamentaux sont comblés sans effort, et de manière rapide, cohérente, chaleureuse et prévisible, il sera en mode exploration de son nouvel environnement. Il doit aussi apprivoiser tranquillement ces étrangers qui l'entourent, et réciproquement, se laisser apprivoiser. Il développera idéalement un lien durable et solide avec ses parents, qui lui servira de base émotionnelle durant toute sa vie. C'est ce qu'on appelle communément l'at-ta-che-ment.

Il ne faut pas toujours se fier aux apparences. L'attachement est une chose ardue à identifier, puisqu'elle est en constante évolution. Le phénomène prend au moins plusieurs mois, voire des années à apparaître. L'enfant qui, dès les premiers jours, semble heureux, offre de beaux grands sourires à ceux qui l'entourent et n'hésite pas à distribuer des câlins à tout le monde n'est pas un enfant "attaché". Si un tout-petit est TROP sociable, c'est peut-être qu'aucune personne en particulier n'est à ses yeux unique au monde, et il ne se sent unique au monde pour personne. S'il est TROP docile, c'est peut-être qu'il a très peur d'être rejeté en étant lui-même. Pour que l'attachement se développe, il faut qu'il se sente important et unique pour ses parents. Il faut aussi qu'il les perçoive comme dignes de confiance, en tout temps, et qu'il se sente en sécurité avec eux. Il doit sentir qu'il peut exposer ses vulnérabilités sans avoir peur d'être abandonné.

Mais l'enfant adopté n'est pas différent des autres en ce domaine. Le poupon qui arrive de l'hopital dans les bras de sa maman et son papa devra aussi passer par les étapes menant à l'attachement. Celui-ci ne se fait pas automatiquement. L'attachement mutuel et instantané n'existe pas; c'est un processus lent, mystérieux et parfois difficile. On aura tendance à penser qu'une petite fille qui se précipite dans les bras des parents d'autres enfants de la garderie sans gêne et sans pudeur est mignonne et très sociale. Mais peut-être ne lui a-t-on jamais fourni les conditions idéales à un attachement profond avec des personnes significatives à la maison et qu'elle tente de trouver de l'attention chez tout adulte qui passe. C'est l'instinct de survie. Il ne faut pas perdre de vue qu'adaptation n'égale pas attachement.

Et pourquoi est-ce si important l'attachement? C'est ce qui permet à un être humain de développer des relations dans sa vie. De développer sa conscience. De relativiser l'importance des choses. D'atteindre son plein potentiel intellectuel. De développer l'habileté à penser de façon logique, et celle de gérer le stress et les frustrations, la peur et l'anxiété. Ce qui permet de devenir résilient face à l'adversité. Ce qui permet en gros de devenir un être autonome.

On suggère aux nouveaux parents adoptifs de garder au minimum les contacts directs entre l'enfant et d'autres adultes dans les premiers temps. Afin de faciliter cet attachement et de faire rapidement comprendre à l'enfant que ses premières personnes-ressources sont ses parents; ce sont eux et seulement eux qui doivent le prendre dans leurs bras pour le rassurer, le consoler, le cajoler, le promener, l'aider, et satifaire tous ses besoins de base. Les proches de parents adoptants ont, avec raison, souvent beaucoup de mal à comprendre qu'on leur refuse de prendre le petit dans leurs bras dans les premiers mois. Ce ne sont là pourtant pas des caprices de parents surprotecteurs, mais bien une consigne de base en adoption. Car il faut poser une base solide pour arriver à bâtir des relations saines par après. Il faut que, malgré tout ce qui a pu survenir dans le passé de l'enfant, malgré tout ce que sa petite tête a enregistré, qu'il puisse enfin se laisser aller à se sentir unique au monde.

Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sur terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! Le blé qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...
(Extrait du dialogue avec le renard, Petit Prince de Saint-Exupéry)

samedi 25 avril 2009

Advienne que pourra...

Est-ce que je suis PRÊTE à avoir des enfants? Ou même suis-je FAITE pour la maternité? Le maternage? Le catinage? Les pleurs? Le chiâlage? La discipline? Le ramassage? Les crises? Le manque de sommeil? Les fluides corporels de petits morveux?

Ce sont là des questions qu'on a le "luxe" de se poser sur le Plateau Mont-Royal, en 2009. Mais est-ce que c'est possible d'y répondre vraiment avant d'avoir essayé la chose? Et je ne parle pas d'emprunter les petits neveux le temps que leurs parents se reposent. Garder ceux des autres, c'est pas pareil. Je parle d'essayer d'avoir ses propres enfants. Le problème avec cet énoncé jaillit aussitôt dit, puisque les bambins - bio ou adoptés - ne peuvent pas être retournés une fois qu'on les laisse entrer dans la maison. Pas moyen donc de savoir à l'avance. Que reste-t-il donc comme solution? Foncer dans le tas! Advienne que pourra! Je crois que rien que le fait de se poser trop longtemps la question est une réponse en soit. Quand on en vient à se lasser de s'appitoyer, de remettre tout en question, de trop réfléchir, et de se fouiller dans le nombril, et de se demander pourquoi-je, peut-être est-ce un signe qu'on est du pour penser à quelqu'un d'autre, aux pécadilles du quotidien, et à quel légume on mettra en purée pour le souper du petit.

Je me suis toujours plu à me définir comme quelqu'un qui vit le soir (peut-être parce que mon boulot l'exige en ce moment), quelqu'un qui peut décider du jour au lendemain de partir à Taïwan avec son amoureux avec un billet aller simple, pour ne revenir que trois ans plus tard, de manger à l'heure qui me plaît, de prendre mes vacances à un autre moment de l'année que tout le monde, de ne pas avoir de voiture, de quitter un emploi s'il m'emmerde. Et j'ai la chance de partager ma vie avec un homme qui est sur la même longueur d'ondes. Je me rends bien compte que d'avoir un enfant - et les ceusses qui suivront - nous obligera à tout réévaluer. Soit! Oui, je le veux bien. J'arriverai bien à me démarquer autrement. Je me rends compte que quelqu'un qui vit comme ça n'est pas quelqu'un de différent... c'est simplement quelqu'un qui n'a pas d'enfants.

Alors on foncera dans le tas à deux, pas plus brillants ni mieux préparés que les autres. Je veux bien devenir cette maman dans le métro, à laquelle on sourit en coin, alors qu'elle tente de désamorcer une crise de son bout-d'choux. Advienne que pourra.

L'éternité...

L'éternité, c'est long, surtout sur la fin.

Woody Allen

jeudi 23 avril 2009

Pour passer le temps...

Si certains d'entre vous se questionnent sur le pourquoi du comment-c'est-faire que mon assiduité récente à perdu sa cadence, c'est que devant le manque de nouvelles de Corée, je me suis trouvée une petite activité pour passer le temps: tomber malade. Eh oui! Les attaquent virales multiples meublent bien les dures soirées de travail qui se terminent à minuit. À quoi sont-elles dues? Sûrement pas au fait qu'au boulot, on exige plus de moi en échange de moins, avec moins de moyens, et moins de personnel... Sûrement pas non plus au fait que ça fait quelques semaines que je me dis que la semaine prochaine sera la bonne pour la réception de notre proposition... Et là, sûrement pas au fait que je me suis déniché une petite amygdalite bien fièvreuse à faire des jaloux pour commencer, et que ça a viré en fiesta de virus! Bref, j'sais pas du tout d'où ça vient... Je vous reviendrai aussitôt que je serai parvenue à ingurgiter mon repas mou à travers une paille.

jeudi 16 avril 2009

L'autre côté de la médaille du racisme

L'autre côté de la médaille, c'est le racisme positif. La plupart des gens auront la décence de laisser de côté leurs commentaires qui laissent un arrière-goût de racisme en bouche en s'adressant à de nouveaux parents qui reviennent de chercher leur fils en Corée. Pour ce qui est des ignorants plus méprisants, il faudra apprendre à leur faire face. Mais quand on est préparé, ce ne sont pas les commentaires balourds qui sont le plus dommageables et sournois à long terme. Ce sont bien plus les préjugés favorables, associés au pays d'origine de l'enfant. Et nous en avons tous!L'exemple le plus flagrant concerne les milliers de petites filles nées en Chine et qui vivent maintenant au Québec. Une petite fille chinoise sera une parfaite petite bolle à l'école; une vraie élève modèle, que son professeur citera en exemple devant les camarades de classes. Et en plus, elle saura jouer du violon! C'est du moins ce qu'on s'attend d'elle. Arrivez-vous à imaginer une petite Min-Jade ou une Nao-Mee tannante, discipée, avec un déficit d'attention qui lui cause problèmes à l'école? Pas facile. Pourtant, comme tout enfant québécois, la petite fille née en Chine devrait avoir le droit d'être impossible à 2 ans, de peiner à apprendre à lire et ne pas savoir quoi faire de sa vie à l'adolescence. Penser autrement exerce un poids démesuré sur les épaules de ces enfants d'origine asiatique. Ce n'est pas parce qu'en Chine, un des traits culturels est de surmener les enfants dès un très jeune âge, en exigeant d'eux l'impossible, que nos petites suivront spontanément la même voie.
De la même façon, une petite Russe ou une Ukrainienne aura de bonnes chances de devenir gymnaste. Un timoun haïtien saura épater ses amis par ses mouvements de breakdancing, ou ses dons spectaculaires au basketball. Mon fils coréen sera fort en math et se promènera partout avec son appareil photo. Peut-être ou peut-être pas. Les enfants ne sont pas préprogrammés. Et si certaines petites filles chinoises tendent vers le perfection, est-ce parce qu'elles avaient des habiletés particulières ou parce qu'elles ont entendu depuis leur arrivée au pays qu'elle DEVRAIENT l'être, et qu'elles ont appris à rechercher l'approbation de leur entourage en s'approchant de l'idéal projeté? Les enfants ont droit de recevoir les félicitations et encouragements qu'ils méritent, même quand les progrès sont limités et à leur mesure, sans qu'on se dise: "On sait bien, c'est facile pour lui, l'algèbre. Ils ont ça dans le sang!".

Prise de position

L'actrice américaine blondinette Kristin Chenoweth (de laquelle je serais bien en peine de vous nommer ne serait-ce qu'un seul film) a fait un appel aux médias, au sujet de leur façon de désigner les enfants issus de l'adoption. Elle-même adoptée à la naissance, elle les implore de cesser de différencier les enfants adoptés à l'international par des célébrités et leurs enfants biologiques. Elle insiste que ce simple choix de mots perpétue les préjugés. Le fait d'entretenir la distinction, en parlant des enfants adoptés et des autres enfants d'une certaine actrice hollywoodienne, par exemple, est parfaitement inutile, puisqu'ils sont TOUS ses enfants. Adoptés ou pas.

Bravo pour une prise de position publique sur le vocabulaire positif de l'adoption! Ça va pour les célébrités, mais aussi dans le vie de tous les jours.

mercredi 15 avril 2009

Le petit prince de métal

Pas de proposition pour nous cette semaine. Il y a bien eu réception d'une proposition pour une petite fille ce lundi, mais elle était destinée au couple "juste après nous", dans le cadre de leur seconde adoption en Corée. Il faudra donc patienter une autre petite semaine avant les prochaines nouvelles.

Entre temps, la Mamie de notre futur Prince du Pays des Matins Calmes a pris un peu d'avance... Devant l'attente qui paraît interminable, elle n'a pas pu résister à la tentation de m'offrir tout de suite un bracelet Pandora, sur lequel trône un petit bonhomme à l'effigie de notre petit-bout-du-bout-du-monde. De l'avoir tout près de moi m'aidera peut-être à franchir les derniers mois d'attente avant notre rencontre mémorable. Plus tard, celui-ci sera sans doute flanqué de frères et soeurs. Vous croyez qu'il y aura assez de place sur le bracelet pour dix-huits tits-bonshommes et tites-bonnesfemmes?

lundi 13 avril 2009

Santa Korea

Santa Korea, priez pour nous, en ce petit lundi de Pâques frais, mais ensoleillé....
Je vous salue, Santa Korea, pleine de grâces ; notre grande hâte est avec vous. Vous êtes bénie entre tous les symboles inventés pour nous aider à patienter, et notre Petit Prince du Pays des Matins Calmes, le fruit de vos entrailles, est béni. Santa Korea, mère patrie lointaine, priez pour nous pauvres parents en attente, maintenant et à l'heure de la réception de notre proposition. Amen.
  

samedi 11 avril 2009

Parlez-nous des enfants

Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même.
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter,
pas même dans vos rêves.

Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.

Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance
pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie ;
Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable.

Khalil Gibran, Le Prophète

vendredi 10 avril 2009

Congé parental

On m'a récemment questionnée sur ce que je comptais faire une fois qu'on sera allés chercher notre fils ou notre fille en Corée. Question fort pertinente, pour laquelle il y a plusieurs réponses: l'Idéale, la Réaliste, et l'Entre-Deux, qui consiste en plusieurs teintes de gris se situant entre les deux premières. Voici donc un petit portrait du dilemme...

Idéalement, dans la littérature de l'adoption dont Johanne Lemieux est chef de file, on suggère aux parents adoptant de se consacrer à temps plein pendant au moins un an à l'arrivée de leur nouvel enfant, avant d'effectuer un retour au travail, et d'exposer l'enfant au milieu de garde et à d'autres adultes significatifs. Certains, comme le docteur Chicoine, iront jusqu'à dire qu'en bas de deux ans, c'est quasiment de la folie de faire le saut. C'est vrai que pour favoriser l'attachement d'un enfant qui ne nous connaît ni d'Ève ni d'Adam, ça prend du temps, et pour ça, il faut que ses deux parents soient très présents autour de lui.

D'un point de vue réaliste, il faut tenir compte de la carrière de chacun des parents, parce qu'il ne faut pas perdre de vue qu'il y a une vie, et même une famille à faire vivre, après cette année de béatitude familiale. Et comme on ne vit pas que d'amour et d'eau fraîche, et de chair de noix de coco cueillies sur la plage paradisiaques de notre île déserte, il faut une quantité raisonnable de sous pour vivre durant cette année-là. Ne pas travailler c'est joli, mais ça rapporte pas.

Heureusement, depuis quelques années, le Régime québécois d'assurance parentale (RQAP) prévoit une fenêtre pour les parents qui adoptent un enfant. Toutefois, si la famille dite "conventionnelle"- constituée de Maman, Papa et Junior - est admissible pour un congé parental, qui s'ajoute au congé maternité; les familles constituées sur plusieurs continents n'ont droit qu'au congé parental, celui qui est divisible entre les deux parents. Celui-ci peut s'étendre tout au plus sur 37 semaines s'il n'est pris que par un des deux parents, qui sera d'abord à 70%, puis à 55% de son salaire. Si les deux parents projètent de se donner du temps après l'arrivée de l'enfant, pour l'apprivoiser et le faire sentir à la maison, dans un milieu familial stable et aimant, ils n'auront donc droit qu'à 18 semaines prises concurremment. Et une fois ces quatre mois écoulés, plus rien. On est loin des deux années idéales... ou même des 12 mois suggérés par les travailleurs sociaux et spécialistes en adoption!

Devant cette réalité, il faudra jongler avec les diverses options, et s'adapter aux besoins de notre enfant-du-bout-du-monde. Peut-être trouver des solutions alternatives, qui sait. À moins qu'on se trouve d'ici là une île paradisiaque avec une plage jonchée de noix de coco.

jeudi 9 avril 2009

L'autre mère

À la suite de la mise en ligne d'un de mes billets précédents, ma soeur m'a parlé d'une lettre qui a été publiée par un magazine de madames, dans le cadre d'un projet de compilation de témoignages sur les mamans. J'ai pensé, lorsqu'elle me l'a lu au téléphone, qu'il serait très à propos dans ces pages. Je me rends compte que je suis un peu tôt pour la fête des Mères, mais vous me pardonnerez, j'en suis sûre.

Voici donc la magnifique lettre qui a été envoyée par France, 39 ans.

Quand je vois danser cette enfant de 4 ans, gracieuse et inspirée, je me dis que ce talent vient peut-être de toi, 'l'autre mère' de ma fille... Si tu la voyais sourire! Et si tu entendais ses expressions! Tu te reconnaîtrais peut-être. Je t'imagine vraiment très belle, parce qu'elle est magnifique. Devant l'impossibilité de lui offrir ce que tu souhaitais de mieux, tu l'as menée, à ta façon, de la Chine jusqu'à nous. Tu l'as portée; je l'ai bercée. Ce don de soi dont tu as fait preuve, je le porte en moi. En cette fête des Mères, puisses-tu ressentir ce message. Elle est ricaneuse, libre et épanouie. C'est grâce à toi, et c'est sans doute ce que tu voulais pour elle. Pour toujours, tu peux compter sur moi.

Petit retour en arrière

Au mois de juillet dernier, je recevais la newsletter du SAI, informant qu'un nouvel organisme venait de recevoir son accréditation pour faciliter les adoptions au Ghana par des Québécois. Child of Mine ne pouvait signer que cinq contrats, vu que le projet entamait sa phase pilote. Je n'avais alors fait ni une ni deux, et m'étais précipitée sur le téléphone, à la grande surprise de la gentille dame au bout du fil. J'avais recueilli l'information, m'étais assurée que Nicolas et moi correspondions aux critères de sélections des candidats, et en avait parlé avec beaucoup d'enthousiame à mon tendre époux ce soir-là. Sa réponse avait été immédiate et positive. Le 1er août, le contrat était signé avec l'organisme. Nous étions les tout premiers pionniers dans cette aventure.

Alors qu'on entamait les procédures, j'avais créé ce blog, relatant notre aventure. À force de visites sur Internet afin de recueillir le plus d'informations possible, je suis entrée en contact avec d'autres couples qui avaient aussi signé un contrat avec le même organisme, et qui étaient prêts à se lancer dans le vide. Depuis, les choses ont bougé, et si nous avons changé de cap vers la Corée du sud, j'ai toujours suivi d'un oeil distant mais attentif ce qui se passait du côté de l'adoption au Ghana. Or, je ne peux pas passer ceci sous silence... Des trois couples avec lesquels j'ai eu le plaisir d'être en communication, deux ont reçu récemment une proposition pour un enfant ghanéen. C'est une belle nouvelle, et je ne peux pas m'empêcher de partager leur joie. Ils partiront pour le Ghana, si tout va bien, d'ici la fin du mois d'avril, pour un séjour de trois mois! Ces prochains mois seront sans doute forts en émotions, et je leur souhaite de tout coeur une magnifique rencontre avec leur Trésor du Ghana. Je souhaite aussi sincèrement que la proposition de nos amis, le troisième couple en attente, ne tarde plus, et qu'ils puissent suivre la joyeuse épopée de parents gloussants en Afrique sub-saharienne. Notre coeur sera avec vous.

mercredi 8 avril 2009

Le vocabulaire positif de l'adoption

Choisir les bons mots quand on parle d'adoption peut mener loin, et même contribuer à faire évoluer la perception que les gens ont de cet acte d'amour. Sans qu'on s'en rende vraiment compte, un simple changement dans une formulation peut revêtir une tout autre connotation. À l'inverse, une formulation négative peut perpétuer le mythe encore vivant que l'adoption est une solution de dernier recours. Aidez à éduquer les autres sur le sujet de l'adoption, par un choix plus judicieux de vocabulaire.

Voici quelques exemples:

On dira PARENT BIOLOGIQUE
au lieu de VRAI PARENT.
On dira ENFANT BIOLOGIQUE
au lieu de NOTRE PROPRE ENFANT À NOUS.
On dira MON ENFANT
au lieu de MON ENFANT ADOPTÉ.
On se présentera comme PARENT
plutôt que comme PARENT ADOPTIF.
On parlera d'un ENFANT NÉ HORS-MARIAGE
plutôt que d'un ENFANT ILLÉGITIME.
On dira que la maman biologique a CONFIÉ son enfant à l'adoption
et non DONNÉ son enfant à l'adoption.
On parlera d'un enfant EN ATTENTE
plutôt qu'un enfant ADOPTABLE.
On dira CRÉER UN CONTACT avec la famille biologique
plutôt que faire référence à une RÉUNION.
On dira qu'ON A ADOPTÉ notre enfant
et non QU'IL EST ADOPTÉ.

mardi 7 avril 2009

8e étape: Début des démarches d'immigration

Avant même de connaître l'identité notre petit prince, on peut entamer les démarches d'immigration. Et oui, il ou elle arrivera au pays comme immigrant!

Normalement, le jugement d'adoption est prononcé AVANT l'arrivée d'un enfant adopté, dans son pays d'accueil, ce qui fait que les démarches de citoyenneté peuvent être démarrées pour son arrivée en sol canadien. Dans le cas de la Corée, ce jugement est pononcé dans le pays d'accueil, et donc remis entre les mains de la Cour du Québec. L'avantage majeur de cette différence dans les procédures est que nous aurons la chance d'attendre moins longtemps que des parents adoptant dans les autres pays avant d'aller le chercher, et qu'il sera déjà parmi nous depuis un moment quand tout cela sera finalisé.

Donc, comme il ne sera pas "officiellement" adopté à son arrivée, et donc que l'un de ses parents "officiels" ne sera pas citoyen canadien, il n'aura pas automatiquement la citoyenneté canadienne. Seulement une fois le jugement d'adoption prononcé pourra-t-il avoir un passeport canadien, apprendre les versions vulgaires de notre hymne national et aller voter... mais ça aussi, ça attendra...
Notre bienveillant gouvernement canadien a déjà prévu de jolis formulaires pour cette situation. Ce qui nous permet d'entamer les démarches d'immigration et de parrainage d'un immigrant, avant même de connaître son nom, son âge, son sexe, et la date de son arrivée au pays. Aujourd'hui, 7 avril, la paperasse dûment remplie par les deux futurs parents est partie pour Mississauga. Et la mention "ADOPTION" sur l'enveloppe nous assure un traitement accéléré de la demande. Une autre grosse étape de franchie. La toute dernière en fait que nous pouvions compléter avant la réception de la proposition. Maintenant, on attend passivement la suite.

lundi 6 avril 2009

1er rang !!


Vous avez bien lu. On est les tout premiers sur la liste. Une proposition a été reçue ce matin, pour le couple qui était en attente avant nous. La nôtre ne devrait vraiment plus tarder. En tout cas, il est fort à parier que ce sera la prochaine... à suivre...

dimanche 5 avril 2009

Le Jour des Arbres 식목일 (Singmogil)

Au lendemain de la guerre de Corée, en 1953, les Coréens ont fait le triste constat que leurs forêts avaient été dévastées. Le gouvernement sud-coréen s'est alors lancé dans un vaste programme de reboisement à l'échelle nationale. C'est ainsi que fut institué le Jour des arbres, pour remédier à la destruction de la flore, et de la faune qui y habite. Cette fête nationale sert maintenant à commémorer l'effort commun pour la reconstruction du pays, mais aussi à rappeler aux citoyens l'importance du respect de la nature qui les entoure. Aujourd'hui, les sud-coréens continuent de planter des arbres et des fleurs le 5 avril de chaque année. Belle tradition, non?

samedi 4 avril 2009

La Corée en voie de disparition?

Lorsqu'on parle de baisse de la fécondité et de la natalité, on cite immanquablement le "cas de la Corée du sud". En effet, le pays affiche les plus faibles taux au monde en la matière. Les Coréens ne se reproduisent plus! Par conséquent, la population vieillit, si bien qu'elle figure aussi parmi les plus âgées de la planète.

Le taux de fécondité, qui en est temporairement à 1,2 enfant par femme, a touché le creux de la vague en 2005, avec une moyenne de 1 enfant par femme! Cette récente hausse s'explique par le fait que les deux dernières années étaient propices, selon l'astrologie chinoise. Mais la lente disparition de la population coréenne est une réalité qui doit être adressée. Le problème en est un de taille, puisque les effets se font ressentir dans plusieurs domaines de la société. La baisse des naissances est une bombe à retardement qui risque d'affecter la main-d'œuvre et d'assombrir à long terme les perspectives de croissance économique. Le nombre de personnes en âge de travailler fléchit sans cesse, et la moyenne d'âge monte dangereusement. Sans compter les coûts sociétaires évidents reliés à la subsistance d'un large bassin de population âgée.

Avec une pratique en obstétrique déclinante, grand nombre de cliniques ou des médecins pratiquant des accouchements doivent se recycler, faute de patientes! Le gouvernement devra prendre des mesures et vite! Ce qui est le plus étonnant, c'est qu'il n'y a pas si longtemps, dans les années '60 et '70, le gouvernement avait dû faire campagne pour réduire le nombre de naissances avec des slogans du genre : "Garçon ou fille, un enfant, c'est suffisant !" ou "L'absence de planning familial nous mène à la misère !". Il devra maintenant choisir entre encourager vivement les naissances par des incitatifs économiques et accueillir des immigrants, parmi l'une des populations les plus homogènes du globe. De son côté, le président Lee Myung-bak dit vouloir faciliter l'accès au logement et à la propriété pour les familles nombreuses. Le gouvernement semble avoir pris conscience de la gravité du problème, mais sa politique n'a pas encore prouvé son efficacité.

Notre Prince du Pays des Matins Calmes ferait-il parti d'une nation en voie d'extinction?

vendredi 3 avril 2009

Maman et maman et papa et papa

Non, je ne me lance pas dans un débat sur l'adoption par des couples gais, mais dans une toute autre direction. Une réalité qui ne peut être ignorée quand on adopte un enfant, c'est que celui-ci arrive avec un passé, une origine et un arbre généalogique bien à lui. Même s'il est transplanté dans un milieu aimant, et qu'il parvient à se refaire des racines généreuses dans un sol riche, il conserve toujours une attache avec son pays d'origine. Même si il apprendra à nous appeler 'maman' et 'papa', et que nous serons là pour lui et pour toujours, une autre silhouette sera présente à ses côtés. Il s'agit de sa maman d'origine. Et de son papa, bien sûr.

Dans les débuts de l'adoption internationale au Québec, la tendance était d'intégrer l'enfant sans heurts (on croyait), en prétendant qu'il n'avait rien de différent avec les autres enfants. L'idée était de ne pas parler du sujet de l'adoption, pour ne pas ouvrir de plaies inutilement. On sait maintenant que la communication est l'une des pièces maîtresses d'une famille adoptante unie. Les recherches récentes en adoption, basées sur bien des années d'observation, pointent dans la direction d'un objectif bien clair: un dialogue ouvert sur le sujet. Avant l'adolescence, l'enfant doit connaître TOUTE l'information que l'on détient sur son adoption. Le dialogue doit se faire de façon spontanée, au rythme de ses questions, et progressivement. L'enfant doit sentir qu'il a le droit d'en parler, et qu'il ne blessera personne en le faisant.

Sa maman et son papa d'origine donc, demeureront des figures présentes dans son développement. Mais la question se pose: comment désigne-t-on ses personnes si importantes dans sa vie, mais qu'il n'aura possiblement jamais l'occasion de connaître? En anglais, il y a une expression qui dit que l'enfant a sa Tummy Mommy et sa Heart Mommy (maman de ventre et maman de cœur). Une image simple à laquelle un jeune enfant peut se raccrocher, mais qui ne sonne pas trop bien en français. Pour leur part, 'mère biologique' et 'mère d'adoption' sont un tantinet trop administratifs à mon goût, et ne laissent pas beaucoup de place à tout l'amour éprouvé par deux femmes qui ne se connaissent pas, pour un seul et même enfant. Certains opteront simplement pour le classique 'ta maman' et 'ta maman de Corée'. On peut aussi dire "première" et "deuxième" maman, mais ça implique qu'une fois que moi, la 2e maman, je rentre en jeu, la "première" n'a plus sa place. Il y a toujours l'option de préciser de quelle maman on parle en utilisant le prénom à la suite: Maman Josiane et Maman Chung Ae, par exemple. Dans le cas de l'adoption en Corée, on a la chance de connaître l'identité des parents, ce qui rend cette méhode plus facile. Mais vous avez peut-être une idée autre que celles-ci sur le sujet?

Tummy Mommy - Heart Mommy
(maman de ventre - maman de coeur)

mère biologique - mère adoptive

maman - maman de Corée

première maman - deuxième maman

Maman Josiane - Maman Chung Ae

mercredi 1 avril 2009

Poisson d'avril

http://chemeng.ugm.ac.id/personalpages/thumb.php?src=2008729035853FunnyFishLarge.jpg&w=6
Bon, j'avoue avoir débattu en mon fort intérieur pendant un bon 10 secondes... prétendre ou ne pas prétendre avoir reçu la proposition, en ce 1er avril, telle était la question. Mais ce poisson d'avril ne sera pas, ç'aurait été trop méchant... c'est pas grave. There are other fish in the sea!

Vous aurez donc deviné qu'on est encore et toujours en attente. Sonne, téléphone, sooooonne, bon sang! Mais soooooooooooooooonne, j'te dis! Ça va, je plaisante, on tiens le coup... On est des êtres matures et posés, réfléchis et bien sage... Oh! C'est pas le téléphone, que j'entends? ....Ah, non... Mais sooooooooooooooonne!