mercredi 27 mai 2009

Comment on l'appelle?

"(...) Comment ça se passe au Canada, allez vous le changer de prénom? non pas que je pense qu'il le faille. Moi je vis en Suisse et j'ai une amie qui a été adoptée en Inde à l'age de 6 ans. Du jour au lendemain elle à du abandonner son nom indien pour un nom plus européen. ça a été très difficile pour elle de se construire par la suite. Je sais que votre petit bout est encore tout petit et que ça devrait lui poser moins de problème, mais je suis curieuse de savoir comment ça se passe au Canada. J'espère ne pas vous avoir offensé avec ma question et vous souhaite plein de bonheur à tout les trois."
La Suissesse.

Aha! LE sujet par excellence! LA question qu'on se fait poser. La dite question n'est pas du tout maladroite, Madame la Suissesse. Elle nous a été posée et reposée dans les dernières semaines, et tout le monde semble avoir un avis différent... Je vous remercie d'ailleurs pour le témoignage qui l'accompagne sur votre amie née en Inde; c'est très apprécié.
Au Québec, le droit est du côté des parents. Ceux-ci, comme pour un enfant biologique, peuvent enregistrer leur petit à
l'État Civil sous le nom qui leur plaira (dans la mesure du raisonnable et de la décence).
Il y a plusieurs années, la tendance en adoption internationale était de donner un prénom à un enfant né ailleurs, qui contribuerait à "raboter" toute aspérité qui le différencierait d'un enfant né ici. Cette tendance poussait aussi les parents adoptifs à parler le moins possible du sujet de l'adoption. C'était un peu la philosophie du "si on n'en parle pas; le problème n'existe pas". Mais les enfants nés ailleurs n'avaient pas moins d'interrogations au sujet de leur histoire pour autant; elles étaient simplement étouffées par l'aspect quasi tabou du sujet. Les choses ont depuis bien changé, et avec l'aide de spécialistes en adoption internationale, de travailleurs sociaux et de psychologues, les parents parlent maintenant ouvertement du sujet. Au sein d'une famille adoptive, on suggère maintenant de faire de cette différence une grande richesse. L'enfant porte en lui un baggage qui se détache du lot, a suivi un parcours particulier et unique, et apporte avec lui des souvenirs ou des impressions conscientes ou pas qui lui viennent d'ailleurs. On n'adopte peut-être pas un pays, mais il ne faut pas perdre de vue qu'on adopte un enfant issu de ce pays. Dans le cas d'une enfant de 6 ans, il m'apparaîtrait évident que son prénom devrait demeurer le même. C'est un des derniers aspects de son identité auxquels elle peut se raccrocher. Tout le reste changera dans son environnement. Mais c'est facile d'avancer une telle affirmation quand c'est dans l'air du temps...
Notre tout petit du bout du monde sera très jeune à son arrivée. Un changement de prénom ne l'affectera sans doute pas pour le moment. J'ai par contre dans l'idée que son prénom d'origine (qui n'a pas été donné par sa maman de naissance, soit dit en passant) devrait au moins figurer en second prénom sur le registre officiel. Si bien que plus tard, à l'adolescence, s'il passe par une période de questionnement et désir effectuer un retour aux sources en se faisant appeler par son prénom coréen, il pourra le faire légalement. Je suis aussi d'avis qu'un prénom facile à écrire mais peu commun est approprié. Il est inutile de tenter de camoufler le fait que cet enfant sera différent. Il apprendra sous peu à être fier de tout ce qui le rend unique au monde.
Il ne faut pas oublier qu'un enfant né en 2008, et habitant à Montréal, sera entouré de bien des petits amis aux prénoms les plus originaux et même farfelus! Des prénoms qui auraient été la cible de railleries il y a quelques dizaines d'années dans la cours de récré paraissent plus banals de nos jours. Les choses ont changé... Mais pour finir, j'aime tout particulièrement l'idée d'une maman qui m'a dit qu'elle avait donné un nouveau prénom à sa petite fille née en Chine. Mais qu'à la maison, il arrivait souvent qu'elle utilisait son prénom d'origine. Il devient ainsi un peu comme un petit mot d'amour très spécial. Kunwoo, ça devient doux quand c'est dit avec amour et des câlins. Idée très inspirante!
"What's in a name? That which we call a rose / By any other name would smell as sweet."
("Que contient un nom? Une rose, par tout autre nom, sentirait-elle aussi bon?")

Shakespeare

3 commentaires:

la soeur a dit…

Moi, ch'pense que... on va s'habituer à tout, quelle que soit votre décision. Elle sera la bonne.

la Mamimiche a dit…

J'aime bien l'idée de garder le prénom d'origine dans le nom officiel. Moi aussi j'utilise son prénom Kunwoo à chaque fois que je parle de lui, ce qui arrive "plusieurs" fois par jour (duhh!) ou que j'embrasse sa photo sur le frigo ou que je lui dis bonjour lorsque j'allume mon ordi le matin et que je vois sa petite binette qui me sourit sur mon écran de veille.......

Anonyme a dit…

Merci beaucoup pour cette réponse. Je pense comme la soeur. Le principal c'est que c'est un enfant aimé.

La Suissesse