jeudi 26 février 2009

Maman de Corée

Dans les études donnant la parole aux adultes d'origine asiatique ayant été adoptés dans leur tendre enfance, le regret qui revient le plus régulièrement est de n'avoir pas reçu d'enseignement sur les traditions de leur pays de naissance. Même si notre enfant sera un petit Québécois comme tant d'autres, ses premières racines seront toujours en Corée. Comme je ne suis pas coréenne, je me fais un devoir d'approffondir sur les différentes coutumes et habitudes de vie des Coréens. Et si tous les devoirs étaient aussi intéressants, la vie serait parfaite!
À environ 2 mois de notre proposition, notre fils est sans doute déjà né depuis un moment, à l'autre bout du monde. Quoi de mieux alors comme sujet que celui des femmes et de leurs enfants. En vrac, voici donc quelques traditions de la famille coréenne. Certaines plus traditionnelles que d'autres.

Par le passé, alors que la naissance d'un garçon était très prisée, les familles sans héritier du nom devaient trouver un moyen d'assurer sa perennité. La belle-mère choisissait alors une femme de "remplacement" pour son fils, en espérant que celle-ci pourrait fournir la pièce manquante.

Au moment de la naissance, une mère était contrainte de n'être entourée que de "belles choses", On croyait que tout ce qui croisait le regard de celle-ci pourrait influencer l'apparence physique de l'enfant à naître. Aux ordures les fleurs fannées, et vite!!

Encore aujourd'hui, la femme enceinte est tenue de suivre un régime alimentaire très strict. Qui de mieux que belle-maman pour surveiller tout ça! Ce régime exclue formellement tout aliment "chaud" selon les termes de la pensée asiatique, puisque la maman est déjà "chaude". Aussi, pas de nourriture "brisée" ou "laide", comme des biscuits ou des nouilles cassés, ni de fruits poqués. Et surtout pas de viande de canard! L'enfant risquerait d'avoir les pieds palmés!

On prie la boddhisattva Avalokiteshvara, pour assurer la santé et la sécurité de l'enfant durant et après sa naissance.

On a recourt à un Chombok, ou un "diseur de bonne aventure" pour déterminer à l'avance le sexe de l'enfant, la date idéale de l'accouchement ou de la césarienne, ou pour déterminer le prénom de l'enfant.

Durant la naissance, nulle autre que la belle-maman pour surveiller les opérations et s'assurer que les traditions sont respectées. Elle veille à ses intérêts! Ouf! Pas de tout repos, la belle-mère.

Elle veillera entre autres à ce que la mère qui enfante de crie pas (!). Ce serait un signe de lâcheté, de faiblesse et de honte, qui risquerait d'être passés à l'enfant! Ouile ouille ouille!

L'une des deux grands-mamans s'occupera de tenir maison 21 jours après la naissance, période durant laquelle la maman qui se relève de couche ne doit rien faire (à part garder son bébé avec elle à tout moment).

Après la naissance, la mère est maintenant considérée "froide", toujours selon les termes de la pensée asiatique. Elle doit donc ne consommer que des aliments et des boissons "chauds", afin de réétablir l'équilibre interne. Durant 4 semaines, belle-maman ou maman s'assurera qu'elle ingurgite de grandes quatités de miyuk guk - jusqu'à écoeurantite aigue - une soupe à base d'algues qui aurait des propriété détoxifiantes.

Selon la tradition, seuls les membres de la famille immédiate peuvent rendre visite à l'enfant dans ses 100 premiers jours de vie. Historiquement, ça s'explique par le fait que le taux de mortalité infantile était tellement élevé, qu'on préférait attendre pour voir si le bébé surviverait avant de célébrer sa naissance. Une fête s'en suivait, le baek-il , toujours organisée aujourd'hui, sans doute comparable au "baby shower".

Dès la naissance de l'enfant, il est coutume de masser ses jambes, afin d'assurer une bonne croissance. Plus récemment, certains parents massent les paupières de leur bébé pendant son sommeil, dans l'espoir que celles-ci développent un pli, qui manque souvent aux paupières des Coréens, et qui est considéré comme très esthétique.
Les parents auront tendance à emmitouffler leur bébé de plusieurs couches de vêtements et de courverture et à l'envelopper très serré. La croyance populaire veut qu'un bébé ait toujours froid, et qu'il faut absolument le réchauffer.

La célébration la plus importante dans la vie du petit Coréen est son 1er anniversaire, le Tol. Encore une fois, historiquement, elle revêtait une importance capitale, puisqu'elle célébrait carrément la SURVIE de l'enfant pendant 1 an, l'année la plus à risque. Prières, nourriture traditionnelle et cadeaux au bébé sont de coutume. Aussi, certains autres éléments viennent s'y ajouter, comme le "test des carrières", qui consiste à placer devant l'anfant une série d'objet tels qu'un crayon et du papier, une arme en jouet, une boule de riz, des blocs de construction, etc. Chaque item doit représenter un métier différent. Ce que l'enfant choisira déterminera le futur métier de celui-ci. Mmmmm... boule de riz.... À cette occasion, on habille l'enfant de ses plus beaux atours traditionnels, le hanbok.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bon, je viens de comprendre les pattes palmées des miens, avec tout le magret que j'ai ingurgité! Je me pose tout de fois une question : la photo du visage, c'est pour illustrer les yeux sans plis ou pour montrer une maman qui fait une overdose de soupe aux algues?? ;o)

Josiane a dit…

Hihi.... non, ce seront les miens une fois le bébé arrivé et sur le décallage horaire... j'aurai l'air bridé, et donc il ne sera pas trop débousolé... hahaha...

Anonyme a dit…

T'inquiète, cette belle-mère va laisser sa bru crier tous les cris d'amour qu'elle voudra lorsqu'elle "enfantera" de son bébé et elle la laissera manger ce qu'elle voudra, chaud ou froid.

Le massage a des propriétés formidables à tous les âges n'est-ce-pas? Mes petits amours ont été massés et bercés en masse et tu vois le résultat. Au fait, le rôle du père? qu'en est-il?

xoxoxoxoxoxo
Mamimiche

Josiane a dit…

Oui, beau résultat pour les massages des garçons, Mamimiche! Je vois aussi que l'idée de leur vaporiser les couvertures de Hermès a porté fruits! ;o)

Je crois que les Coréens sont très "machos". Le père est surtout "géniteur", et n'entre pas tellement dans les traditions entourant les enfants. Toute la responsabilité de fournir un fils, de s'en occuper et de le faire à l'intérieur des traditions repose (ou reposait) sur les épaules de la maman. Grosse responsabilité!