vendredi 10 avril 2009

Congé parental

On m'a récemment questionnée sur ce que je comptais faire une fois qu'on sera allés chercher notre fils ou notre fille en Corée. Question fort pertinente, pour laquelle il y a plusieurs réponses: l'Idéale, la Réaliste, et l'Entre-Deux, qui consiste en plusieurs teintes de gris se situant entre les deux premières. Voici donc un petit portrait du dilemme...

Idéalement, dans la littérature de l'adoption dont Johanne Lemieux est chef de file, on suggère aux parents adoptant de se consacrer à temps plein pendant au moins un an à l'arrivée de leur nouvel enfant, avant d'effectuer un retour au travail, et d'exposer l'enfant au milieu de garde et à d'autres adultes significatifs. Certains, comme le docteur Chicoine, iront jusqu'à dire qu'en bas de deux ans, c'est quasiment de la folie de faire le saut. C'est vrai que pour favoriser l'attachement d'un enfant qui ne nous connaît ni d'Ève ni d'Adam, ça prend du temps, et pour ça, il faut que ses deux parents soient très présents autour de lui.

D'un point de vue réaliste, il faut tenir compte de la carrière de chacun des parents, parce qu'il ne faut pas perdre de vue qu'il y a une vie, et même une famille à faire vivre, après cette année de béatitude familiale. Et comme on ne vit pas que d'amour et d'eau fraîche, et de chair de noix de coco cueillies sur la plage paradisiaques de notre île déserte, il faut une quantité raisonnable de sous pour vivre durant cette année-là. Ne pas travailler c'est joli, mais ça rapporte pas.

Heureusement, depuis quelques années, le Régime québécois d'assurance parentale (RQAP) prévoit une fenêtre pour les parents qui adoptent un enfant. Toutefois, si la famille dite "conventionnelle"- constituée de Maman, Papa et Junior - est admissible pour un congé parental, qui s'ajoute au congé maternité; les familles constituées sur plusieurs continents n'ont droit qu'au congé parental, celui qui est divisible entre les deux parents. Celui-ci peut s'étendre tout au plus sur 37 semaines s'il n'est pris que par un des deux parents, qui sera d'abord à 70%, puis à 55% de son salaire. Si les deux parents projètent de se donner du temps après l'arrivée de l'enfant, pour l'apprivoiser et le faire sentir à la maison, dans un milieu familial stable et aimant, ils n'auront donc droit qu'à 18 semaines prises concurremment. Et une fois ces quatre mois écoulés, plus rien. On est loin des deux années idéales... ou même des 12 mois suggérés par les travailleurs sociaux et spécialistes en adoption!

Devant cette réalité, il faudra jongler avec les diverses options, et s'adapter aux besoins de notre enfant-du-bout-du-monde. Peut-être trouver des solutions alternatives, qui sait. À moins qu'on se trouve d'ici là une île paradisiaque avec une plage jonchée de noix de coco.

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